Blog de Kesaj-Tchave, ensemble musical d'enfants roms de Slovaquie mene par Ivan Akimov (balalaïka).
06 juillet 2010
AKANAME 2010
Vidéo réalisée par JM Delage
Bonjour,
Nous venons de finir notre petit Festival Interbidonvilles à Letanovce. Tout s´est très bien passé. Pratiquement du professionnel. Tant notre prestation, que celle des Ogres de Barback, mais aussi du côté de nos amis "coorganisateurs" - les habitants de Letanovce, qui, avec Milan en tête, ont parfaitement assuré la logistique et l´organisation sur place, ainsi que la couverture de l´événement au niveau de la sécurité. Il n´y a eu d´ailleurs, aucun incident à déplorer dans ce sens. Tous les habitants, massés devant nous, se sont exemplairement bien tenus et malgré un soleil de plomb, ont littéralement "dévorés" le spectacle que nous leurs avons offert. Autour de l´enclos scénique érigé à cet effet avec du ruban en plastique, ils étaient tout là, massés à corps à corps, constituant une foule des heures de pointes du métro, débordants sur les toits des cabanes tout autour, qui par miracle réussissaient à tenir sous le poids des spectateurs de ces "tribunes" improvisées. Il y avait même un groupe de Français de passage, qui avaient découverts l´événement sur notre myspace, et qui ont fait le déplacement jusqu´à ce bout du monde. C´étaiet très sympa et très convivial. Les remerciements spontanés de Milan, l´autorité locale, étaient à ce titre éloquents: "Merci de tout coeur d´etre venus, comme ça, au moins, tout le monde voit que nous ne sommes pas des cannibales..." Oui, jamais rien de positif ne se produit ici, alors là, ça fait du bien à tout le monde. Comme c´était le jour des élections, il y avait une patrouille de police à l´entrée de la route défoncée qui menait au bidonville, mais, sympa, ils ont juste relevé mon identité sans nous importuner. Les élections m´ont inspirées pour ma tirade finale face au public, que j´escortais de voter dans vingt ou trente ans pour un des leurs, insistant sur le fait que même un de ces gamins qui étaient massés là, devant nous, pourrait devenir un jour président comme ce brave Obama... Message reçu, et „En avant la musique!“ pour le final de la danse tout public confondu - il vaut mieux une bonne chanson, que des tonnes de discours et des mirages, même des plus prometteurs...
Tout est bien qui finit bien, à part le bilan financier qui nous réunit dans une égalité sans faille, au niveau bidonville, intervenants, comme interpellés, tous unis dans le même dénuement face à l´absence de toute implication institutionnelle. Mais nous n´avons pas à nous plaindre, puisque nous n´avons rien demandé à personne. A choisir entre s´investir dans l´élaboration fastidieuse des demandes de soutiens improbables à l´événement qui nous auraient prises tout notre temps, et la réalisation de l´événement lui-même, nous avons opté pour la seconde solution, fonctionnant sur nos fonds propres. Donc sur rien, juste sur un nuage fait d´amitié et des 300 eu apportés par nos amis Johann et Sébastien de Yepce, qui ont réussi par je ne sais quel miracle à réunir cette somme en pédalant les deux mille km de ce fameux Défi Vélo, conçu pour le soutien de notre action. Sans oublier Gabi Jimenez qui a mis une de ses toiles en vente au profit du festival.
Donc, merci à Johann et à Seb, ainsi qu´aux Ogres, à Gabi et à tous les intervenants extérieurs qui nous ont portés par leur dynamique à nous engager une fois de plus dans cette aventure imprévisible, qui pourtant, finit toujours bien. Sans oublier l´intervention du XXI, qui par l´intermédiaire d´Alain Keler, relatant nos avenures sur les pages du prochain numéro par le crayon d´Emmanuel Guibert, nous a servi de relais avec Milan de Letanovce. Comme quoi, il en faut des détours pour aboutir finalement au bon endroit, au bon moment… entre les inondations diluviennes de la semaine derniére et la canicule tropicale d´aujourd´hui.
Nous sommes aussi passés jetter un coup d´oeil sur le nouveau village, non loin de là, déjà pratiquement prét à recevoir tous les habitants de Letanovce. C´était pas mal, impressionant, comme le sont toujours les nouveaux logements encore vaccants avant que les futurs habitants ne viennent les investir. Bien súr, il y a aussi cette vague impression de camp militaire (on ne va pas dire goulag…), avec ses baraquements en ligne, tout dans un ordre géométrique parfait, dans une conception toute à l´opposée de celle de leur habitat actuel fait de bric-à-brac dans tous les sens. Qui sait, peut-etre cet alignement cartésien participera-t-il au changement des mentalités tant espéré par les concepteurs de cette „mini migration des peuples“, ou au contraire, ce ne sera qu´un essai de plus, pour changer la facade, sans se poser de questions sur le contenu…
Quoi qu´il en soit, nous sommes heureux d´avoir pu intervenir encore tant qu´il était temps en ces lieux voués a disparaitre, et nous sommes prets à réitérer de meme, sur cet nouvel espace, afin de l´ensorceler, le „marabouter“ a notre facon, afin que le passage sa fasse plus en douceur. Et que l´on n´oublie pas, que les nouveaux murs, meme en beton armé, indestructible, selon les voeux des braves concepteurs de ce vaillant projet humanitaire d´assainissement des alentours du Parc National du Paradis Slovaque, que ces murs des lendemains radieux doivent aussi accueillir la mémoire des baraques en rondins et tôle froissée, qui, outre la misére et le déséspoir, ont donnée naissance á toutes ces chansons magnifiques et splendides dans leurs simplicité, qui font notre bonheur à nous tous et que nous avons l´immense plaisir de pouvoir partager avec vous. Alors espérons, que dans ces amas de béton rectylignes, l´ame y aura aussi sa place et que la musique n´y sera jamais absente… Mais, heureusement, à ce niveau, je crois qu´il n´y a aucune crainte à avoir…
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Hello,
We’ve just finished our little inter-camp festival in Letanovce. Everything went very well - you’d almost think it was a professionally organised event. Our input and that of Les Ogres de Barback were essential, not to mention the help given by the co-organisers in Letanovce. The inhabitants of the area, led by Milan, coordinated logistics and organisational matters on site, as well as making sure the event was covered for safety purposes. And, for that matter, there was not a single safety incident to report. All of the locals, gathered in huge crowds in front of us, were
exceptionally well-behaved and, in spite of a punishing sun, literally devoured the show that we had organised for them. Avid spectators packed in around the stage area cordoned off with barrier tape, like masses of bodies pressed together at rush hour in the Paris underground. Others gathered on roofs of shacks all around the area, which somehow managed to stay in place under the weight of the people in these makeshift ‘stands’. There was even a group of French people there who’d heard about the event on our MySpace page and who’d decided to travel to
this ‘middle of nowhere’ to attend it. Their friendliness and good spirit were much appreciated, and their attendance was rewarded with spontaneous thanks from Milan, the local authority: "Thank you from the bottom of my heart for coming – that way, if nothing else, people can see that we’re not some kind of savage people...".
It’s true that not many positive things happen here, so it was a real pleasure for everyone. As it was election day, the police were patrolling the entrance of the battered road leading to the camp, but they were kind, just checked my identity, and didn’t bother us further. The elections inspired me in my final speech to the public, where I suggested that perhaps in twenty or thirty years’ time I would be going to the urn to vote for one of them, insisting on the fact that one of the young people gathered there in their masses could become president one day, just like Obama.
The message was understood, but it gave way to chants of “On with the show” for the dance finale, with all performers gathered on stage. In other words, it’s better to have a great song than tons of speeches and mirages, even if they have the best of intentions…
All’s well that ends well, except for the financial situation, where we all find ourselves on an equal footing – the camp, performers, and other participants – united in destitution given the absence of institutional support. But we can’t complain, because we didn’t ask anyone for anything. When it came to choosing between investing time and effort into requesting funding for organising the event, which would have take up all of our time, we opted for the second solution – to organise it using our own funds. That meant on nothing at all – only on the friendship and 300 euros brought by our friends Johann and Sébastien of Yepce, who managed, by some miracle, to raise this sum on their two thousand-kilometre journey, the famous Cycling Challenge, conceived to support our event. And let’s not forget Gabi Jimenez, who put one of his paintings up for sale, with all proceeds going to the festival.
So a big thanks is due to Johann and Seb, as well as to Les Ogres de Barback, Gabi and everyone else who, through their dynamism, helped us to continue this improbable adventure, which ended well, as it has in the past. And let’s not forget that through the images of Alain Keler and the drawings of Emmanuel Guibert, our adventures will be recounted in the next issue of XXI magazine, which served as an intermediary with Milan in Letanovce. It just goes to show that sometimes you have to take a few detours to finally reach the right place at the right time… somewhere between the deluge of floods we had last week and the tropical heatwave we
experienced on the day of the festival itself.
We also visited a new village not far from there, which is practically ready to house all of Letanovce’s inhabitants. It was quite impressive, as are all new accommodation units which lie empty before becoming invested by their future inhabitants. Of course, there’s also a vague impression of a military camp about it (we won’t mention the word gulag…), with lines of huts, all in a perfect geometrical order, whose design couldn’t be farther from that of their current dwellings, built using any old materials found lying around. Who knows, perhaps this Cartesian alignment will bring about the change in mentalities much hoped for by those who conceived of
this “mini migration of people”, or, on the contrary, this will be just another try to change the façade, without asking questions about the content…
Whatever you wish to call it, we’re glad to have been able to come and organise the event while there’s still time in these places which are destined to disappear.
And we’re prepared to do the same thing again in the new location, so that a spell can be cast over it and it can be transformed into a magical place, and so that the change to this new accommodation goes as smoothly as possible. And let’s not forget that within these new walls made of concrete and indestructible, as per the wishes of the brave designers of this humanitarian project aimed at cleaning up the areas around the Slovakian National Park, people must treasure the memory of their houses made from logs and corrugated metal sheets. Misery and desperation aside, these dwellings gave birth to all of these magnificent, beautiful songs, splendid in their simplicity, which gives us all so much joy and which we are delighted to be able
to share with you. So let’s hope that even within these rectangular slabs of concrete, the soul will also find its place, and that music will be never be absent… Fortunately, I believe that there’s no fear of that happening…
Warm greetings,
Ivan Akimov
KESAJ TCHAVE
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