26 novembre 2023

Les Journées de la Municipalité de Bystrany


Nous partons à Bystrany en début d'après-midi, ce n´est pas loin, une petite heure de route. Bystrany est un village-bidonville essentiellement rom, avec un peu plus de 3 000 habitants, un conseil municipal rom et des maires roms. Bystrany font régulièrement la une des info nationales, car pratiquement à toutes les élections communales il y a de la fraude, les élections doivent être renouvelées, mais cela ne résout pas le problème, car comme on vient de l'apprendre aux dernières infos à la télé, le maire qui a été réélu a investi son poste de nouveau en fraude, car ce n'est que maintenant, 6 mois après son entrée en fonction, que l' on vient de s´apercevoir qu´il ne pouvait pas exercer la fonction de maire, car il a été condamné pour avoir voulu donner un pot de vin de 20 euros à un policier qui voulait lui donner une contravention, il a dû payer 600 eu d amende, et de ce fait il était inéligible. Mais cela, il ne l'a dit à personne, ses adversaires viennent de l'apprendre que maintenant, il vient d'être destitué de sa fonction de maire, et la question qui se pose est: est-ce que les décrets et les contrats qu'il a signés en tant que maire illégitime, sont légitimes ?! Il faut que la cour constitutionnelle tranche, voilà une belle affaire pour les journalistes et les télés nationales et privées, qui ne s'en privent pas de commenter et suivre cette affaire rocambolesque à la Koustouritsta, dont les médias raffolent... 

 Trop de "maires" en fonction (infos tv TA3) J´ai suivi, tout comme le reste de la nation, ce cirque électoral à la télé, et c´est quand même avec quelques appréhensions que je mène notre petit groupe valeureux (nous sommes quand même 28) à Bystrany. D´ailleurs, le contact et l´invitation à cet événement s´est passé un peu de la même manière, la semaine dernière, lorsque je me suis arrêté a une station d´essence, une femme m´a apostrophé, est-ce que je suis ce monsieur qui s´occupe des enfants, elle a pris mon n. de tel., et le lendemain le remplaçant du remplaçant du maire m´a appelé pour me proposer de venir nous produire à leur fête, les Journées de la Municipalité de Bystrany. Le minibus et les deux voitures que nous ont envoyés les organisateurs pour nous chercher sont arrivés pile a l´heure prévue, nous pouvons partir. J´aurais préféré venir avec notre bus a nous, pour être autonome au niveau du transport, c.a.d., être capable de partir à n'importe quel moment, si la situation sur place venait à se dégrader. Nous atteignons Bystrany dans une petite heure, en ayant assez de temps devant nous pour nous préparer à monter sur scène. Je laisse tout le monde dans les vestiaires de la Maison de la culture, et je pars en repérage sur le site du spectacle. D’emblée, il est évident ou nous nous trouvons. Il n´y a que des Roms, pratiquement tout le village est là, pour assister au spectacle. 

 

Près du stade de foot il y a une petite scène, sur laquelle joue un groupe des environs, et des gens sont installés sur des bancs, ou se baladent entre la buvette et la scène, dans une petite ambiance champêtre sympathique. Pas de conflit ni problème a l´horizon, pour l'instant. Les gens sont plutôt décontractés et cool, un service de sécurité, constitué d´une bonne quarantaine d´hommes du village, est omniprésent, comme on dit, ils veillent au grain, et ne laissent rien passer, le moindre soupçon d´un conflit quelconque est tout de suite repéré et maîtrisé. Tout cela me fait plutôt une bonne impression, visiblement, les organisateurs, donc l'équipe du remplaçant du remplaçant du maire connaissent la problématique, ont l'habitude de ce genre de manifestation chez eux, et savent y faire face. C'est bien, et ça rassure ! La scène n'est pas très grande, dans les 6 m sur 4, un groupe de musique local y distille une production pur jus tsigane, honnête, qui ravit à grand renfort de décibels le public qui écoute et se dandine tranquillement devant. Les voyant ainsi, je me dis qu´on est mal partis, rien de plus périlleux que de faire descendre de la scène un groupe de musique tsigane, lorsque je leur demande jusqu´a quelle heure ils vont jouer, ils me répondent tranquillement que jusqu' à minuit. Et nous devons passer dans vingt minutes. Mais, surprise, quand je leur dis que nous aussi, on doit jouer, ils entament le dernier morceau et une dizaine de minutes après ils nous libèrent la scène. Deuxième surprise, lorsque je leur demande d´enlever leur matériel, et il y en a un paquet, pour que l´on puisse danser, ils le font sans rouspéter, bien que ça leur fait faire des chambardement de matos supplémentaires. Ces musiciens sont tout simplement sympathiques et avenants. Ce qui est extrêmement rare dans le milieu musical tsigane, donc cela mérite vraiment d'être souligné. En effet. hélas, c'est plutôt la jalousie et la méfiance qui règnent entre les musicos roms, et cela même en direction d´un groupe d'enfants et de jeunes, comme nous, nous en avons fait plus d'une fois l'expérience, donc la bonne volonté de ces musiciens nous surprend vraiment, cela nous est pratiquement encore jamais arrivé d'avoir un tel contact empathique... Le son est assuré par un ingé son déprimé, qui, visiblement, se demande ce qu´il fait là, et subit son sort en serrant les dents. Bon, rien à attendre de ce côté là, mais on a l´habitude de ce genre de personnages, on fait avec... Nous nous mettons en place, le déprimé technicien nous met tant bien que mal à disposition quatre micros, pour trente personnes. Sans commentaire... L'espace scénique est minuscule, car le matériel des musiciens, bien qu'ils l'aient rangé, prend quand même beaucoup de place sur cette scène exiguë déjà a l´origine. Normalement on ne devrait pas se produire dans un tel mouchoir de poche, mais comme d´hab, on fait avec, on met la moitié des filles dans le groupe de chant, ça libère un peu de place, et les autres feront comme ils pourront... Le parterre devant la scène, la pelouse d´à côté du stade de foot est remplie de monde, une bonne vingtaine de gardes de corps du service de sécurité, tous avec des gilets oranges, fait un paravent naturel entre le public et la scène, et tous nous regardent, curieux, ce qui va se passer. Pour nous, c´est un grand défi. Et ce n´est pas évident. Le groupe qui vient de passer devant nous disposait d´une très bonne sono, très puissante, et on sait que chez les Tsiganes, les décibels sont partie intégrante de toute production artistique, souvent même déterminants au niveau du jugement sur la qualité de la production de la part des spectateurs, pour lesquels plus c´est fort, mieux c´est. 

 

Nous, avec le gars léthargique de la sono, avec ses quatre malheureux micros, on ne peut en aucune façon faire le poids par rapport à ce qui vient de nous précéder. Mais on ne peut pas reculer, il faut y aller, alors autant y aller à fond ! Malgré tout, j´ai une bonne impression en regardant les spectateurs devant nous, ce sont tous des Tsiganes du cru, des bidonvilles, tout comme nos jeunes, quelque chose me dit que ca va bien se passer.

 

 Je lance quelques phrases d'accueil pour haranguer la foule, et c´est parti ! Dès les premiers accords, c´est gagné. Nous y allons sans nous ménager, je tape a fond avec ma baguette en fer sur la chaise éventrée qui me sert de batterie, personne ne s'économise, le public est acquis d'emblée. Le service d'ordre est de la partie, tout le monde sourit et tous suivent comme à l'église ce qui se passe sur scène. Inutile de dire que lorsqu´on met en avant les petits pour le chant ou les claquettes, c´est le délire.

 

 Les Tsiganes adorent les enfants, alors là, ils sont servis! Surtout que la petite Véronika, de haut de ses 9 ans, est de plus en plus performante, c´est elle la meilleure en claquettes, elle dépasse allègrement tous les gars, même les grands. Alors quand les spectateurs la voient, ils n´en peuvent plus, les portables filment a tout rompre, même les musiciens du groupe précédent sont venus un à un nous regarder, ils sont maintenant tous sur scène derrière nous, en train de filmer, avec des gros sourires, pareil le déprimé de technicien, il vient de retrouver ses couleurs et son sourire, il rejoint la bande des cameraman's, ne laisse rien passer de notre production et essaie de faire de son mieux au niveau du son. 

  

 

 


 

 A propos de la caméra, Dodo Banyak, le réalisateur rom qui est en train de faire un documentaire sur nous pour la télé slovaque est là, il a fait le déplacement depuis Bratislava rien que pour ce concert, et comme les autres, il filme le tout.


 Un organisateur vient me demander gentiment si on pourrait abréger, ils doivent faire une tombola après, et il doit y avoir aussi des discours officiels, alors, professionnels, on embraye sur le morceau final et on quitte la scène sous des applaudissements comme à l´Olympia ! Oui, pratiquement dix ans après notre passage à l´Olympia de Paris avec les Ogres de Barback, en 2014, ce spectacle au fin fond de la Slovaquie orientale, devant un parterre de Tsiganes perdus de la périphérie européenne, équivaut pour nous à un petit Olympia des Carpathes, tant les enjeux étaient grands et pas évidents au départ, et finalement tout s´est si bien passé à l´arrivée. 

 

Nous quittons la scène heureux, satisfaits du travail bien fait, du succès bien mérité, heureux tout comme notre public, qui nous a accompagné sans faillir, nous a porté à nous dépasser... et nous ne demandons pas mieux, cela nous suffit pour être heureux... 

 

On nous offre une goulash, peu importe si les assiettes dans lesquelles elle est servie sont les mêmes pour tous les consommateurs et les laver entre deux portions aurait été déplacé... Helena, bien sûr, ne prend pas part à cette aventure gastronomique pas très hygiénique, mais les autres n´y voient aucun inconvénient, tout le monde se goinfre comme si on était à la noce. Après le spectacle je n´ai plus la force de réagir à quoi que ce soit de bassement matériel, je me verrais bien être servi dans une assiette propre, les maladies comme le tbc, etc, pullulent en ce genre de destinations, mais tant pis pour la prévention, j´avale le tout tel quel. 

 

 De nouveau surprise, le minibus et les voitures sont là à l'heure pile pour nous ramener, nous rentrons sans problèmes à la nuit tombante. Si, au départ, nous étions contrariés par la défection de quelques uns pour ces fichues histoires abracadabrantes, maintenant ça nous fait rire. Quels bêtas, de se priver d´une si belle sortie, d´une sortie extraordinaire...! En tout cas cette visite active à Bystrany a été une bonne surprise, nous avons été très bien accueillis, l'organisation a été durant notre présence sans faille, en un mot, les apparences étaient trompeuses, autant cela semblait pas sérieux, loufoque et koustouritsien aux infos à la télé, autant c'était bien, on peut dire irréprochable, sur place. Nous nous sommes sentis vraiment très bien, comme chez nous. Une très bonne impression et expérience essentiellement positive dans un environnement essentiellement rom.

 

10 septembre 2023

La Montagne

 Lors de la fête des 90 ans du refuge Chata pod Rysmi, nous avons rencontré Michal, directeur de Scarpia. Lorsque j´ai dit qu´il nous manque des chaussures de montagne pour partir en randonnée, le lendemain il nous a envoyé 10 paires de chaussures de marque et 5 coupe-vents. Nous avons essayé d´abord les chaussures en répétition, et on peut y aller ! La première sortie était au refuge de Téryho chata. Le temps était de la partie, il ne faisait ni trop chaud ni trop froid. Il n'a pas plu et il n'a pas neigé. Nous sommes partis au petit matin, alors il n´y avait pas trop de monde sur le sentier, juste quelques chamois. Une super sortie ! Merci à Michal et à son entreprise !




 Maintenant, que nous avons grâce à Michal des chaussures de montagne de super qualité, on peut partir en randonnée dès que l'envie nous en prend et que le temps le permet. 

 

 

Ce n'est pas l´envie qui manque et le temps est enfin au top, alors direction le Paradis Slovaque, le canyon de Suchá Belá. Il y a encore quelques jours le canyon était fermé, le niveau d´eau était beaucoup trop haut a cause des pluies diluviennes, mais, comme elle venue, elle est repartie, l´eau était de nouveau à son niveau habituel et nous avons pu remonter Suchá Belá en toute tranquillité. Lors de la descente par les bois les ours n'avaient aucune chance, même une petite équipe de Kesaj a de quoi faire assez de boucan pour faire comprendre aux nounours que ce n´est pas leur jour de sortie...
Peťo Lichý, le propriétaire  de la chaîne de magasins de sport Šport Rysy, était aussi à la fête du 90ème anniversaire du refuge Chata pod Rysmi. En fait, c'est d'abord à lui que je me suis adressé à propos des chaussures de sport pour nos jeunes. Il m´a demandé de lui apporter le dessin des pieds des gamins, et quelques semaines plus tard nous avions une dizaine de paires de chaussures de sport qui nous attendaient dans un de ses magasins. Il ne nous reste qu'à y aller, on y va !











La météo annonce une petite journée sans trop d´extrêmes, ni trop chaude ni froide, alors on y va, direction les Tatras ! Ce sont les petits qui sont à l´origine de cette initiative, depuis qu´on a reçu les chaussures de sport ils n'arrêtent pas de demander quand-est-ce qu´on va partir en randonnée. Pour leur première sortie en montagne il faut choisir un terrain adapté à leurs capacités physiques, si on se référait aux capacités mentales, on irait sur l'Everest. Alors ce sera juste une petite balade sur les cascades du Studený potok, en partant de Hrebienok. D́'autant plus que dans l ́équipe figurent Zdenko, 7 ans, de forte corpulence, à qui on vient juste d ́enlever le plâtre de son bras cassé, et aussi Simonka, qui a une malformation à la hanche de naissance, et à chaque pas elle doit traîner sa jambe droite. Tout le monde est chaussé première classe grâce aux généreux sponsors des magasins de sport, nous avons acheté encore trois paires de chaussettes à bas prix pour les plus petits, et on est prêts au départ. A sept heures battantes tous étaient au rdv à Veľká Lomnica, impatients d´affronter la Cordillère des Andes slovaque, les Tatras.
 
 
 Dès les premiers pas on se rend compte que monter n´est pas pareil que marcher sur du plat, mais les plus aguerris entraînent ceux qui sont à la traîne, et dans un petit tempo de croisière touristique nous longeons le Studený potok (le Ruisseau froid) avec ses cascades. Vu l'heure matinale, il n´y a pas grand monde sur le sentier, nous sommes tranquilles, et nous marquons une première pause ravitaillement à la cabane Rainer. Un petit en-cas, et ça repart. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Finalement, on décide de monter jusqu´au refuge de Zamkovského chata. Nous prenons le sentier des sherpas, inconnu des touristes, qui passe par une magnifique forêt, qui nous offre ses gourmandises, les myrtilles et les framboises ne demandent qu'à être ramassées, et elles le sont instantanément à notre passage. Nous atteignons ainsi sans trop de mal le refuge Zamkovského chata. De nouveau une pause restauration et boisson, nous avons tout ce qu´il faut avec nous, il n´y a aucun problème pour faire écouler les provisions. L'équipe a déjà près de 4 km dans les jambes, les grandes filles se verraient bien arrêter là, mais ce serait dommage qu´elles ne voient pas les hauts sommets, alors nous poursuivons encore un peu en montant dans la vallée, jusqu ́à ce qu ́un panorama digne des Hymalayas s´offre à nous. 
 
 
 
Cette ultime montée, bien que les réserves des forces déjà sérieusement entamées, se fait sans trop de mal grâce aux fréquentes haltes pour cueillir et savourer sur place les fruits des bois qui poussent à même le sentier. 
 
 
 
 
En descendant, rebelote, on s'arrête de nouveau au refuge pour se ravitailler, la montagne, ça vous gagne, mais ça vous creuse tout aussi irrésistiblement, les côtelettes préparées par Helena ont un succès indéniable, et elles partent instantanément. Ne reste plus qu'à descendre au point de départ, en tirant un peu la langue, mais avec le sourire et sans récalcitrances. La rando aura fait dans les 8 km, avec pas mal de dénivellation, exploit tout à fait honorable pour ces alpinistes en herbe pour lesquels c´était leur baptême montagnard. Un peu éreintés ils descendent de la voiture à Veľká Lomnica, en demandant quand est-ce la prochaine rando et il-y-aura-t-il une répétition demain... 

C´est bien connu, les montagnes sont les plus belles en septembre. Alors nous nous sommes tapé le canyon de Suchá Belá au Paradis Slovaque, et le refuge Téryho chata dans les Tatras. Là haut ça a soufflé un peu, mais ce ne sont pas des petites bourrasques d´automne qui vont nous déranger…

Il est encore à souligner, que nous sommes partis pour les deux rando à 6h du matin et à midi nous étions déjà rentrés à la maison !









La montagne a en ce moment toutes les faveurs. Notamment, celles de la météo, qui est irréprochable, un vrai temps de mois de septembre, le plus propice aux randonnées en altitude. Nous avons alors convenu de faire une sortie dans les Tatras aussi ce week-end, les heureux élus devaient être les nouveaux garçons de Rakúsy, qui piaffaient d´impatience de partir dans les hauteurs. On leur a fait essayer les chaussures de montagne, et nous nous sommis d´accord pour nous retrouver le surlendemain à 5h du matin chez eux, au bidonville. Manque de chance, le temps a changé subitement, la météo a annoncée de la pluie, alors il ne restait qu´à remettre la sortie au lendemain. Mais, de nouveau le sort a contrarié nos projets, le pneu avant de ma voiture a crevé, nous étions un jour férié, impossible de trouver un service ouvert. Ne restait de nouveau qu´à rapporter le trek à plus tard. Entre temps nous avons organisé une répétition, et les petits sont revenus à la charge, quand est-ce qu´on part dans les Tatras?! Ils ont attendu la veille à 5 h du mat pendant une heure que je vienne, bien que je leur ai fait passer le message que je ne pourrais pas venir à cause du pneu crevé. Alors tant pis, on a décidé de partir quand même, même si le temps prévu n´était pas au top, et même s´il a fallu écrire une petite lettre à la directrice de l´école pour excuser leur absence. A 6h du matin pile, tous étaient au rdv, chauffés à bloc pour leur première montagne.


Il y avait cinq gars de 10 à 15 ans de Rakusy, et Matej, jeune adulte, de Lomnica. La veille, lorsque nous nous sommes organisé après la répétition, il y en avait qui ne voulaient pas partir si Matej venait, toujours ces antagonismes archaïques entre les différents bidonvilles, mais au final tout le monde était là. C´est bien de partir tôt le matin, le sentier est pratiquement vide, il ne fait pas trop chaud et on a le temps de faire la rando avant que le temps se dégrade. Nous prenons les sentiers des sherpas, ceux de ma jeunesse de porteur, que les touristes ne connaissent pas. Il n´y a personne à part nous, il faut faire constamment du bruit pour signaler notre présence et faire éloigner les ours, fréquents dans nos montagnes. A ce niveau, aucun problème, les gars sont sans arrêt en train de se chamailler et se railler les uns avec les autres, au niveau sonore nous sommes irréprochables, une vrai bande de tziganes, aucun ours à l´horizon.


Nous montons relativement vite, l´équipe est en bonne condition physique, tous bien chaussés grâce à nos récents sponsors en équipement de sport, pour leur première sortie dans les hauteurs les nouveaux s´en tirent bien, c´est le plus jeune, le petit Vladko qui est le plus performant. Nous devons faire attention à Erik, un peu potelé, qui a failli trébucher plusieurs fois, heureusement il n´y a pas eu de mal. C´est un sentier touristique, mais certains passages sont quand même relativement exposés, il faut faire attention ou on met les pieds. Sur la carte il y a marqué 2h45 de marche pour monter au refuge de Téryho chata, nous les faisons en 2h15, ce qui est honorable pour les novices de Rakúsy. Nous faisons une bonne pause au refuge, nous avons de quoi nous ravitailler avec nous, du lard cuit dont les Roms raffolent, idéal pour reprendre des forces avant la descente.


Encore un petit tour autour du refuge, histoire de faire quelques photos, nous sommes à plus de 2000 mètres, vraiment au pied des cimes. 

 


 

Compte tenu du climat continental, au niveau du relief cela correspond en gros a mille mètres de plus dans les Alpes, de quoi impressionner nos jeunes.



 Mais le temps change subitement, les bourrasques de vent se font de plus en plus fortes, font trébucher nos jeunes montagnards, à leur plus grande joie, il est temps de repartir. Une pensée émue pour Michal, qui nous offert les chaussures et aussi des coupe-vents, qui sont venus on ne peut plus à point avec ces rafales glacées, prémices de l´hiver précoce dans ces altitudes. Il n´est même pas midi, et nous voilà revenus au point de départ, à Rakusy. Durant le trajet en voiture certains ont déjà somnolé, ils vont bien dormir cette nuit.

 


01 mai 2023

Deniska

A l´occasion du passage de nos amis photographes, les Carrets, nous avons fait un tour à l´osada de Veľká Lonica, histoire de retrouver quelques vieilles connaissances, dont Deniska. Deniska a fait partie du groupe dans les années 2008 -2009. Elle n´est pas restée longtemps, juste deux ans. Je ne l´ai pas revue depuis tout ce temps. Je ne savais pas que c´est elle qui habite l´espèce de cabane-grotte à la sortie de l´osada. Une masure incroyable, faite de blocs mal taillés, à l'écart, sur le bord de la décharge, impossible d´imaginer que l´on puisse vivre ici. Quand on m´a dit que c´est Deniska qui habite là, notre Deniska, je suis allé tout de suite la voir. Elle était chez elle, au milieu de ses 4 enfants, deux jumeaux de trois mois, et deux plus agés, de 3 et 4 ans, manifestement gravement atteints d´une maladie congénitale, à se balancer sur eux mêmes en gémissant dans le lit déjanté, seul meuble de la pièce. Une vision apocalyptique.Mais Deniska était toute souriante, contente de me revoir.

 

 Elle n´a pas pleuré sur son sort, ne m'a pas énuméré tous ses malheurs, ne m'a pas demandée une pièce, ni un billet. Elle m'a juste demandé de lui apporter une photo du temps où elle était avec nous…



 L'habitacle de Deniska, on ne peut pas parler de maison, n'était qu´un assemblage de divers blocs, collés les uns contre les autres avec de la boue. Aux premières grandes pluies le tout n ́a pas tenu, et s´est disloqué. Après avoir passé quelques semaines chez sa mère, Deniska est de nouveau revenue dans cet "habitacle", refait de nouveau que de blocs divers assemblés avec de la boue, en attendant les prochaines pluies...

Deniska a fait partie de la troupe dans les années 2008 -2009. Elle n´est pas restée longtemps, juste deux ans. Je ne l´ai pas revue depuis tout ce temps. Je ne savais pas que c´est elle qui habite l´espèce de cabane-grotte à la sortie de l´osada. Une masure incroyable, faite de blocs mal taillés, à l'écart, sur le bord de la décharge, impossible d´imaginer que l´on puisse vivre ici. Quand on m´a dit que c´est Deniska qui habite là, notre Deniska, je suis allé tout de suite la voir. Elle était chez elle, au milieu de ses 4 enfants, deux jumeaux de trois mois, et deux plus agés, de 3 et 4 ans, manifestement gravement atteints d´une maladie congénitale, à se balancer sur eux mêmes en gémissant dans le lit déjanté, seul meuble de la pièce. Une vision apocalyptique. 

Deniska était toute souriante, contente de me revoir. Elle n´a pas pleurée sur son sort, ne m'a pas énuméré tous ses malheurs, ne m´a pas demandée une pièce, ni un billet. Elle m´a juste demandé de lui apporter une photo du temps où elle était avec nous…

 



Viac tu: https://www.kesaj.eu/fr/projekt/kesaj/ako-sme-pokracovali/osobnosti-suboru-/deniska/

Deniska a fait partie de la troupe dans les années 2008 -2009. Elle n´est pas restée longtemps, juste deux ans. Je ne l´ai pas revue depuis tout ce temps. Je ne savais pas que c´est elle qui habite l´espèce de cabane-grotte à la sortie de l´osada. Une masure incroyable, faite de blocs mal taillés, à l'écart, sur le bord de la décharge, impossible d´imaginer que l´on puisse vivre ici. Quand on m´a dit que c´est Deniska qui habite là, notre Deniska, je suis allé tout de suite la voir. Elle était chez elle, au milieu de ses 4 enfants, deux jumeaux de trois mois, et deux plus agés, de 3 et 4 ans, manifestement gravement atteints d´une maladie congénitale, à se balancer sur eux mêmes en gémissant dans le lit déjanté, seul meuble de la pièce. Une vision apocalyptique. 

Deniska était toute souriante, contente de me revoir. Elle n´a pas pleurée sur son sort, ne m'a pas énuméré tous ses malheurs, ne m´a pas demandée une pièce, ni un billet. Elle m´a juste demandé de lui apporter une photo du temps où elle était avec nous…

 



Viac tu: https://www.kesaj.eu/fr/projekt/kesaj/ako-sme-pokracovali/osobnosti-suboru-/deniska/