15 avril 2020

Nouvelles en temps de confinement. Avril 2020

"Voici quelques nouvelles d'Ivan, Helena et les Kesaj Tchave dans cette lettre adressée au Lycée Fénelon et sa classe ULIS partenaire de la tournée brestoise"



Chers amis,
voici une semaine vide, qui aurait du être pleine à ras-le-bord, qui vient de s´écouler... On aurait du partir à l'autre bout du monde, et on est resté sur place. C´est la première fois que cela nous arrive. Maigre consolation, cela permet de prendre la mesure de ce qui nous arrive d´ordinaire, lorsque nous partons en tournée. Nous le savions, mais le vide des jours confinés, le fait pointer que plus catégoriquement - les tournées sont formidables! Elles compensent le confinement chronique que subissent les Roms des bidonvilles à la longueur des années. Pour ces jeunes, c´est toute leur vie qui est en confinement, enfermés sur eux mêmes, dans leurs communautés, a l´écart de la majorité, de la vie "normale"... Je ne veux surtout pas porter de jugement, ni chercher de coupables, les choses sont bien plus compliquées que cela...
Toujours est-il, que les deux décennies que nous avons passé à nous échapper temporairement, le temps de faire quelques spectacles et revenir au point de départ, ont offert à chaque fois aux jeunes un "déconfinement" grandeur nature, réel, et qui de plus est, à dimension humaine. Et c´est cela que vous avez voulu nous offrir. Vous avez rejoint la cohorte des sympathiques bénévoles, volontaires, capables de s´investir sans compter pour que des inconnus du bout du monde puissent, ne serait-ce que quelques jours, prendre part à notre paradis occidental, réaliser une part d´un rêve qui pour eux dépasse l´entendement. Notre aventure n´est possible que grâce à des gens comme vous, généreux et profondément humains, pas de paroles ni discours inutiles, des actes, des actions concrétes. Cet engagement humanitaire, que vous mettez en oeuvre en toute simplicité, sans la moindre idée d´une récupération quelconque, m´ébahi, je ne comprends pas.... Nous, ici à l´Est, qui avons voulu construire des paradis avec des lendemains radieux, nous nous retrouvons avec vous, des occidentaux, qui mettez ces paradis en pratique, qui de plus est, pour des parfaits inconnus pour vous, le méritent-ils au moins...?
En général, lorsque nous repartons chez nous après un intense séjour, nos hôtes nous disent que reste derrière nous un vide, silence, plus de chansons, plus de rires... Cette fois-ci le vide est là, sans même que l'on ne soit venus. Un vide qui reflète une réalité que personne de nous n'aurait pu supposer il n'y a pas si longtemps de cela. Je suis peiné, désolé pour vous. Vous avez fait votre "travail", a la perfection, et vous n'avez pas pu en goûter les fruits. Tous ceux que j'ai rencontré à Brest, se sont énormément investis, ont beaucoup donné, ont été prêts, aptes, a échanger, a recevoir, et hélas, n'ont rien reçu.
Brest, Fénelon, évoquent pour moi entre autres cette exposition de photos de notre groupe dans le ‎vestibule du lycée, a 2 500 km de chez nous... Insensé ! Et tout était fait pour que l'on vienne en vrai, s'il n'y avait pas eu cette saleté microscopique. Quelques nanomètres ont eu raison de nos kilomètres...
J' espère que vous pourrez tirer quand même quelque chose de positif de cette expérience. Qu'elle vous a permis de vous rendre compte que vous êtes de sacrés battants, capables de relever des sacrés défis, et de les remporter... prêts à donner, a partager.
Nous vous sommes infiniment reconnaissants pour tout ce que vous avez fait pour nous. Nous vous souhaitons de passer cette période difficile le plus rapidement possible et sans dommages, que la vie puisse reprendre le plus vite, que vous puissiez profiter de la vie et en faire profiter les autres.
Amitiés
Ivan, Helena et les Kesaj Tchave

06 avril 2020

Annulation tournée de Mai


Aujourd'hui à midi, nous devrions arriver à Paris.
L´après-midi était prévue une visite de la Tour Eiffel, ensuite un MacDo et puis dormir dans un Formule 1. Le dimanche un spectacle à la Guinguette de l´Héron Carré à Angers, et lundi nous étions attendus à Brest, là haut, complètement au bout du monde, pour nous, venant du Centre de l´Europe. Nous allons être reçus par nos amis du Lycée Fénelon, qui nous ont préparé depuis plus d´un an un magnifique programme. Des spectacles dans des super salles, un hébergement de première, des rencontres, des découvertes, et avec ça une visite de l´Océanium et une sortie en mer sur un vrai bateau. Tout cela était prêt déjà depuis longtemps, soigneusement mis en place dans le moindre détail, grâce à un engagement hors pair de nos hôtes, qui durant des mois ont préparé ce séjour et ont travaillé d´arrache pied sur ce projet. Les bulletins étaient imprimés, des articles de presse ont été publiés, des films ont été projetés, des expositions organisées, et avec ça des ventes de crêpes, des collectes... bref, toute une montagne de travail pour réaliser le séjour de notre groupe, afin que nous puissions nous présenter devant le public français et que nous puissions mieux faire connaissance avec nos amis et partenaires du Lycée Fénelon, avec lesquels nous nous sommes rencontrés que très brièvement l´année dernière lorsque nous avons manifesté ensemble sous la Tour Eiffel. C´est comme ça que ça aurait du se passer. Et il n´en est rien. Nous savons tous très bien pour quoi. Ce qui était vrai il n´y a qu'un mois, ne l´est plus, nous devons faire face à une nouvelle réalité qui dépasse l´entendement. Rien n´est plus comme avant, on ne sait pas de quoi sera fait le lendemain. Mais quand-même, une chose reste. Si nous arrivons à surmonter toutes ces difficultés, ce ne sera que grâce à la solidarité, au sens de l´entraide, de l´amitié, qui sont les fondements de la condition humaine. Nos amis de Brest nous l´ont prouvé en s´investissant dans ce projet, pour nous, sans pourtant nous connaître plus que ça... Nous leur en sommes infiniment reconnaissants. Même si nous n´avons pas été jusqu'à Brest, pendant les 6 mois qui se sont écoulés, nous avons pu nous préparer, travailler, répéter, surmonter des obstacles, pour être prêts au départ le jour J. Pendant tout ce temps nous avions un but, une motivation, une espérance. C´est déjà beaucoup. Merci pour tout cela.. Un vieux adage dit que le chemin est plus important que le but du chemin... Mais trêve de philosophie. On se lave les mains, on porte les masques ou les foulards, bien sur on continue à bosser les claquettes, bref, on fait tout pour se retrouver un jour! (Helena ajoute aussi qu'il faut continuer à étudier) A bientôt !

 

Préparation de l'échange culturel avec le Lycée Fénélon de Brest
en France et en Slovaquie