Arte vient de diffuser le reportage de Yann Le Gléau et Sébastien Mesquida de
What´s Up Production.
Yann et Seb ont fait un boulot formidable, ils ont réussi d´emblé à parfaitement intégrer notre groupe et à comprendre de quoi il était question, d´en référer, correctement, honnêtement, sans la moindre trace de voyeurisme ni d´exotisme. Au contraire, leur témoignage est plein de respect, d´empathie, d´amitié.
Le montage était coriace, faire le bon choix dans tout le matériel filrné n´était certainement pas évident, il y a plein de passages qui ne sont pas passés, et pourtant ils étaient très sympa, Pareil pour l´Olympia, le tournage était scrupuleusement circonscrit, aucun dépassement n´était envisageable. Et carrément, des épisodes entiers de l´aventure du voyage ont du être supprimés. C´est la loi du genre et du minutage...
Pour nous c´est toujours un dilemme de savoir jusqu´à où nous pouvons aller dans notre incursion dans l´intimité de ceux qui nous entourent. Est-ce qu´on doit tout montrer, tout dire? En même temps nous avons besoin, tous, de parler, de vider notre sac, de partager les plaisirs et aussi les souffrances... et avant tout, nous voulons pointer des problèmes réels, qu´il ne faut surtout pas cacher. Les protagonistes principaux du document nous sont familiers depuis leur tendre enfance, nous sommes dans un rapport de confiance construit de longue date. Nous considérons que leur histoire c´est aussi la nôtre, nous avons une histoire un commun, et si nous avons décidé de la porter au vu et au su du public, c´était d´un commun accord, en sachant où nous allions. Yann et Seb ne nous ont pas trahis là-dessus, leur travail allait dans le sens de notre engagement, à aucun moment ils n´ont cherché autre chose que de nous donner la parole, comme nous l´entendions.
La visibilité qu´apporte Arte est formidable. Au delà des aspects personnels liés à cet événement, il y a l´aspect du rapport à la communauté rom qui est au centre de cette aventure. Les Roms par les Roms. Nous avons pris le choix de référer de notre histoire, pour s´ouvrir, ne pas rester enfermé. A notre sens, l´isolation, l´enfermement, le repli sur soi est un des problèmes majeurs de toutes les communautés en marge, les Roms n´en sont pas exception. S´il y a une chose que Kesaj Tchave essaie humblement, modestement, de démontrer, c´est qu´il est tout à fait possible de s´ouvrir au monde, de l´accepter en étant accepté, de s´y épanouir, tout en ne reniant ni ne perdant rien de ce qui constitue l´identité rom, tsigane. D´ailleure celle-ci est par définition en constant devenir, en voyage... nomade, jamais la même et toujours et partout pareille... du moins tant que l´on a affaire à des gosses, des tchavés, qui eux, sont vraiment partout pareils... ensuite, les adultes, eux ca leur arrive de faire du cinéma... nous, on n´a fait que du documentaire.
...et, tous nos remerciements à Arte pour nous avoir ouvert ses portes
Ivan Akimov